vendredi 3 février 2012

Critérium Cyclotouristique des Alpes 1935 (6) : La quatrième étape étape

18 août 1935, 6 heures, départ de la dernière étape de ce Critérium Cyclotouristique des Alpes qui ramena les cyclos de  Saint Jean de Maurienne à Grenoble.
Avec au menu  le "Galibier géant"...
Pour commencer, donnons la parole à Jean Sapeur.

"Pour le dernier jour, le Galibier, au nom prestigieux, était le morceau de résistance de la journée.
Cols du Télégraphe et du Galibier, rou­te en bon état à la montée, aucune dif­ficulté, si ce n'est le pourcentage, mais il compte. Plongée parmi les cailloux sur le Lautaret et, de là, route excellente jusqu'à Séchilienne. A cet endroit, une petite surprise-maison : le G. C. 113 pour monter à Laffrey,  dernière bosse de l’épreuve, mais elle est un peu là pour son sol et son premier kilomètre. Une descente rapide —ô combien — et le parc fermé, installé dans l'ancien gymnase municipal, attend les pilotes et les machines pour l'ultime vérification.

A l'heure où j'écris ces lignes, le classement vient d'être terminé et les résul­tats proclamés. Je n'ai donc pas le temps de reprendre les carnets de route et les feuilles d'examens techniques pour vous parler mécanique, mais j'espère pou­voir vous entretenir de ce sujet la se­maine prochaine..."
Pour en savoir un peu plus, je reproduis ci-dessous le début d'un autre article " de notre envoyé spécial...", peut-être s'agit-il du journal L'Auto (?) et l'auteur ne serait-il pas Claude Tillet, le directeur de l'épreuve (?). 
 "Grenoble, 18 août, par téléphone.
Faisons tout d'abord, si   vous   le   voulez bien un rapide bilan de la quatrième étape de ce premier Critérium cyclotouristique des Alpes qui vient de se terminer à Grenoble sur un vif succès.
Trente-cinq concurrents avaient quitté ce matin Saint-Jean-de-Maurienne. Trente-trois arrivèrent dans les temps réglementaires à Grenoble et furent définitivement classés.
Le Télégraphe, le Galibier, le Lautaret et aussi  la très dure côte de Laffrey avaient donc fait des victimes et l'épreuve prouvait ainsi pour la quatrième fois qu'elle correspondait  parfaitement  à ce qu'on  attendait d'elle.   Très   difficultueuse, hérissée   d'embûches de toute nature, elle avait  impitoyablement  éliminé des engins  et  des pilotes qui,  en toute autre circonstance, auraient parfaitement  « tenu le coup » ; et elle avait mis en relief les qualités exceptionnelles de ceux   et   de   celles ayant   réussi à se tirer indemnes   ou   à   peu   près indemnes de la bataille. Les vaincus n'ont pas démérité car ils  succombèrent   tous de défaillances physiques ou mécaniques relativement peu graves   (On ne constata ni une   rupture   de   fourche,   ni   une  rupture de cadre,  ni   un bris de guidon, ni un bris de de frein) et les vainqueurs sortent  particulièrement    grandis d’un combat opiniâtre.
Mais avant d'en passer à quelques brèves considérations générales sur les résultats définitivement enregistrés, terminons-en avec la quatrième étape.
Cette fois et du point de vue sportif, Cointepas trouva son maître, puisqu'il termina en compagnie de Bernadet à 16 minutes de Manzatto, lequel avait lâché les lieux grands favoris dans les derniers lacets du Galibier. Je n'affectionne pas particulièrement, vous le savez, l’exploit sportif réalisé au cours d'une compétition technique. Je tiens toutefois à féliciter Manzatto de ce qu'il fit et de la moyenne de 23 km. 500 qu’il réalisa. Savez-vous pourquoi ? Tout bonnement parce que notre homme accompli cette jolie performance sur sa « Chemineau » personnelle, vieille d'un an, ayant déjà cou­vert quelque 6.000 km, et pesant plus de 11 kg. Il y a deux façons de participer à un concours de machine : faire l’mpossible pour arracher la première place ou mettre à son actif une belle démonstration. La démonstration de la "Chemineau" déjà ancienne est particulièrement probante..."

Un autre article conservé par René Chardon, écrit par un journaliste qui fit l'étape dans "la Delage de M. Rivollier, le réputé constructeur des cycles RPF" nous donne un récit au plus près des concurrents.
"Dès 6 heures, les 34 concurrents s'ali­gnent devant la spacieuse salle des fê­tes de Saint-Jean-de-Maurienne, dans laquelle avaient été exposées les ma­chines.
Ils sont un peu anxieux, car ils vont, dans 12 kilomètres, trouver devant eux les premiers lacets du redoutable Gali­bier.
Le géant des Alpes a, depuis le Tour de France, acquis une telle réputation de difficulté que, malgré les perfectionnements de leurs machines, les pilotes se demandent si les 30 kilomètres de montée sévère qui les attendent n'au­ront pas raison de leur endurance.
Petit à petit, notre Delage, pilotée de main de maître par M. Rivolier, le réputé constructeur des cycles RPF nous permet de remonter les vaillants routiers.
Nous félicitons, au passage, les vété­rans Landrieux, Pannel et Antonin, qui continuent leur splendide démonstra­tion et peuvent servir d'exemple à bien des jeunes.
Ils grimpent allègrement grâce à leur changement de vitesse et leur gamme de développement judicieusement étu­diée.
Les Véloriz, curieuses bicyclettes    à pédalage   horizontal  paraissant   avan­cer sans trop de  difficulté  et obtiennent un gros succès de curiosité tout au long du parcours.
Après Valloires, la montée reprend de plus belle et nous trouvons là les lévriers qui montent à une cadence plus rapide.
Plus haut, dans les lacets à 11%, Cointepas, Bernadet et Manzato se livrent à une sévère explication.
Au contrôle du Galibier, un chronométrage indique que ces 3 pilotes ont mis 2 h. 15 pour gravir les 33 kilomètres qui séparent Si-Michel du col du Galibier. Ils ont marché à près de 15 à l'heure, ce qui est tout simplement merveilleux quand l'on pense que 3 kiios de charge sont imposés sur le porte-bagages de chaque machine.
C'est maintenant la descente à « fond de ballon », vers le Lautaret. Certains dégringolent avec une virtuosité sans pareille et la solidité de ces légères machines est sérieusement éprouvée par les cahots de certains passages de très mauvaise route.
C'est là que l’on s'aperçoit que le du­ralumin possède une solidité suffisante pour résister au dur travail de la bicy­clette sur la route; les quelques petits incidents survenus seront facilement éliminés par une meilleure mise au point dans l’avenir.
La vallée de la Romanche offre maintenant ses splendeurs à nos yeux émerveillés. A Séchilienne, un nouvel obstacle se dresse devant les roues courageux pilotes, il leur faut  remonter à Laffrey par la ravissante route de St-Barthélémy,  ce sera le dernier effort avec la côte d'Uriage.
A 12 h. 30, Manzatto, d'Aix-les-Bains, se présente au gymnase avec un quart d’heure d’avance sur Cointepas et Bernadet qui ont aussi roulé superbement.
A l’heure de la fermeture du contrôle, 32 concurrents sont rentrés au parc et aussitôt les commissaires techniques inspectent  minutieusement les  machines et distribuent les pénalisations techniques alors que les secrétaires établissent les moyennes horaires des quatre étapes.
Le classement est un travail laborieux car le règlement est à la fois complexe  et sévère avec ses points de bonifica­tion  et de  pénalisation qui  modifient sérieusement   la   position     de   chaque concurrent.  
Dans l'ensemble, cette manifestation a suscité un vif intérêt et a attiré l’attention des cyclistes sur les progrès réalisés récemment dans la cyclotechnie.
Félicitons la Société du Duralumin et  "L'Auto" de l'avoir organisée et surtout d'avoir choisi notre beau Dauphiné comme champ d'opérations.
Souhaitons que les années à venir voient se renouveler cette épreuve orignale qui contribue puissamment a développer le goût du tourisme à bicyclette."

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