mardi 31 janvier 2012

Critérium Cyclotouristique des Alpes 1935 (5) : La troisième étape

17 août 1935, 7 heures, départ de la troisième étape de ce Critérium Cyclotouristique des Alpes qui conduit les cyclos de Grenoble à Saint Jean de Maurienne.
Pour commencer, donnons la parole à Jean Sapeur.

"... Etape courte et de moins d'élévation (152 km, et 2.100 m.). Mais au programme,
deux  « juges de paix » de classe: Cols de Glandon et de la Croix de Fer.
Les majestueux lacets du Glandon nous permettent de regarder bon nombre de concurrents échelonnés à diverses altitudes, et faire des comparaisons sur le style de chacun.  Au départ de Grenoble, une partie plate permit un dé­marrage foudroyant ; plus de 30 km dans la première heure. Un pilote, re­tardé par une crevaison, fit un retour de locomotive à en prendre une indigestion, 36 bornes dans l'heure comme pe­tit déjeuner ! Les pilotes étant des cyclotouristes, que serait-il arrivé avec des professionnels ? Ceci dit en passant..."
En ce qui concerne ce pilote retardé, ne s'agirait-il pas de René Chardon ? Le début de l'article de Marcel Cherva concernant cette troisième étape le laisse à penser. (Même si son nom est orthographié "Chardin" dans le papier...)
"...Ils ne sont plus, ce matin, que 37 à prendre le départ, ce qui nous fait 14 éliminations depuis le début de l’épreuve. Dès  la sortie de Grenoble, le train, pour ne pas changer est extrêmement  rapide. Un groupe se forme et chacun à son tour, un homme mène. En remontant les concurrents, nous trouvons tout d'abord Gellier qui change  des  rayons,   puis   Bontent et Vinzerik qui ont   l'air  de  peiner sérieusement. Chardon qui nous surprend d’être encore là nous ditqu’il a crevé deux fois depuis le départ, ce qui explique sa place. Mais, nous le verrons plus tard, Chardon fera un beau retour.
 A  ALLEVARD
Le  temps est toujours splendide. Vraiment l’on peut dire que les pilotes et organisateurs sont favorisés. A Allevard, où nous arrivons quelques minutes avant les concurrents, nous trouvons installé en bonne place le contrôleur, le sympathique Sorrel du VTG.  Un groupe passe où se trouvent Cointepas, Simon, Bernadet, Marmounier etc…Il fait bon dans la délicieuse petite commune d’Allevard. A 8 H 25, lorsqu’arrivent les premiers, nombreux sont déjà les curieux qui attendent les concurrents. Nous nous dirigeons maintenant vers Bourgneuf , le temps est frais et la route est bonne. Nous entrons en Savoie et c’est une certitude de trouver d’excellentes routes. Nous nous arrêtons un instant et, à notre grande surprise, nous voyons passer Chardon qui effectue une magnifique remontée, il poursuivra ainsi son effort, allant parfois à plus de 36 km de moyenne horaire !..."
Sur cette partie d'étape peu accidentée, René Chardon put faire valoir ses qualités de rouleur pour tenter de revenir sur la tête de la "course" avant d'apporter l'ascension du col du Glandon.
En effet à partir de La Chambre, commençait la montée vers ce grand col du Tour de France avant de grimper vers le col de la Croix de Fer.
Et Cherva continue son récit...

"Du GLANDON ET LA CROIX  DE FER
C’est tout d’abord une fausse côte; une repétition en quelque sorte à la véritable montée du Glandon. Nous traversons la Chambre et tout le long, nous remontons des concurrents. La route monte en d’innombrables lacets.et le magnifique paysage qui s’offre à notre vue n’est pas pour nous déplaire. Quelques kilomètres avant le col, nous apercevons déjà en-dessous de nous Cointepas et Manzatto qui le suit comme son ombre, qui grimpent ensemble et qui semblent grignoter les routes.
Louis Cointepas, grand, et qui monte en danseuse, Manzatto, petit et rablé, qui rappelle en tout l’Italien Martano, le héros du Tour de France 1934. Voici le passage des cinq premiers au col du Glandon où il y a un contrôle de signatures : à 11 h 42, passaient Cointepas et Manzatto ; puis à quelques minutes, Bernadet. Ensuite viennent Simon à 13 minutes et Richard à 25 minutes. Du Glandon, il reste encore 2 km 500 de côte pour atteindre le col de la Croix de Fer, mais les positions resteront inchangées et le classement à la Croix de Fer est le même qu’au Glandon.
Nous nous arrêtons un instant au sommet de la Croix de Fer pour admirer le magnifique panorama qui s’offre à notre vue et qui s’étend jusqu’à la vallée de la Maurienne. Maintenant c’est la descente dans d’impressionnants virages. Nous apercevons les concurrents qui descendent semblables à des petits points minuscules qui courent sur la route. Encore quelques virages en épingle à cheveux, une petite remontée et enfin c’est la descente à pic sur Saint Jean de Maurienne que nous atteignons à 14 h 15. Nous apprenons là que Cointepas et Manzatto sont arrivés ensemble à 12 h 50 accomplissant les 153 km en 5 h 50."
Les préoccupations de Jean Sapeur sont plus terre à terre pour finir le récit de cette étape...
"...Descendons la Croix-de-Fer en direction du pays de l'aluminium. Dans la descente, un magnifique lac de goudron, liquide, épais et attirant, fit chuter quelques pilotes. Du pétrole et le chiendent d’une brosse bien dure remirent en état les épidermes avant de prendre la dou­che  réparatrice dans l’établissement municipal moderne et luxueux de la ville. Municipalité sportive. Que toutes les municipalités la prennent pour exemple et tout ira bien. Je vous dirai même que cette municipalité avait un représentant dans le concours, en la personne de M. Michaud, qui pilotait une machine d'un constructeur régional. C'est tout dire."
Marcel Chervat fait un compte-rendu de la soirée des participants... Mais pas de folie, le lendemain le départ est prévu à 6H00 et le Galibier est au programme.
A Saint-Jean-de-Maurienne
Le parc fermé est installé à la salle des fêtes de la ville. Les formalités de l’arrivée s’effectuent parfaitement. On y voit MM Legrand, commissaire de « L’Auto » qui était à son poste depuis longtemps, Chapouton, conseiller municipal et président de l’Union Vélocipédique Mauriennaise, qui assume la charge du contrôle d’arrivée.. Il est aidé de M ; Michaud, délégué de l’UVF, un sympathique qui était inscrit à l’épreuve et qui a abandonné à la première étape parce que ses deux collègues avec lesquels il faisait groupe n’avaient pu arriver à temps. Nous voyons également MM Combaz, vice président de l’UVM, Ferlando, secrétaire, Retornaz, secrétaire du CAM.
L’organisation  à l'arrivée fut en tous points impeccables ; nous en profitons donc pour remercier vivement ceux qui contribuèrent ainsi à faciliter la tâche des  organisateurs. Tous les concurrents reçurent aussi de la Part du public mauriennais un très bon accueil, et les vétérans  Landrieux, Panel et Antontin firent grosse  impression par leur belle tenue sur la  route; prouvtant ainsi que la bicyclette est  un merveilleux moyen pour conserver une bonne santé.

LA   CLOTURE
A 17 h 50 c'était la clôture. Nous apprenons que trois coureurs sont éliminés : Vincerik, Barra et Pelletier. Gaillot, comme on le sait, avait abandonné.

LA   VISITE   DU   PARC   FERME
Des  18 heures,  le   public  fut  admis  à visiter dans la salle des fêtes, les bicyclettes des coureurs, et tous, il va sans dire, étaient des fervents de la pédale qui discutaient en examinant.
RECEPTION A L'HOTEL DE VILLE
A 19 heures, les dirigeants, coureurs et journalistes, suivant le tour, étaient invi­tés par la sportive municipalité de Saint-Jean-de-Maurienne,  et   ses  deux   adjoints :  le Conseil municipal presque au complet, Rambaud, président du  Syndicat d’initiative, Lacroix, représentant de la direction de l’usine d’Alès, Tillet représentant du journal « L’Auto », organisateur de l’épreuve, Matter, directeur général de la société du Duralumin, et de nombreuses personnalités. 
Avant d’élever son verre au succès de l’épreuve, M. Thibiéroz, maire, a félicité les coureurs, les organisateurs, en particulier M. Matter, d’être revenu parmi nous en cette occasion, et il a dit toute sa satixfaction de recevoir dans la mairie les coureurs de l’épreuve du Duralumin.

L’épreuve de demain
Le départ sera donné à 6 h du matin.L’étape comporte 153 km.
Saint Jean-de-Maurienne : 0 ; Col du Télégraphe : 26 ; Col du Galibier : 47,5 ; Col du Lautaret : 53 ; Bourg d’Oisans : 90 ; Laffrey : 120,5 ; Grenoble : 153.

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